Ni voile, ni burqa, voilà ce qu'attendent les Français qui aiment la France !

Le débat sur la burqa fait rage, et la rage est mauvaise conseillère. Faut-il donc interdire ce débat ? Non : il faut interdire la burqa !
Voilà ce que nous devrions avoir le courage de dire à l’Assemblée nationale ! Et ce n’est même pas du courage : c’est du bon sens ! Quel bon sens ? Celui de la logique la plus élémentaire ! En novembre 2000, nous soulignions avec Elisabeth Badinter la nécessité de «secourir les femmes afghanes»* emprisonnées sous leur burqa, et aujourd’hui nous tolèrerions cet emprisonnement chez nous ? Car il s’agit bien d’un emprisonnement, et de rien d’autre !
Je suis atterré de constater, d’une part, que nous puissions nous contredire de la sorte, et, d’autre part, que l’évidence de cet emprisonnement sexiste et religieux ne fasse point l’unanimité de nos politiques. Je suis atterré qu’une commission d’enquête soit envisagée pour statuer en ce domaine, comme si la négation de la personne – dont on ne perçoit même plus les yeux – ne crevait pas les yeux !
Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, serait prêt à interdire le port de la burqa «s’il s’avérait qu’il est subi» ! Ah bon ? Parce que le gouvernement n’est pas encore certain qu’il le soit ? Que vous faut-il de plus, messieurs les élus, pour comprendre que nous avons affaire ici à une entrée en force de la charia sur notre sol ? Que vous faut-il de plus pour comprendre que nous sommes ici face à l’intolérable ?

Qui, parmi vous, accepterait de porter la burqa ? Quel homme, d’ailleurs, supporterait plus d’une heure pareil accoutrement ? Pourquoi cet accoutrement n’est-il dévolu qu’aux femmes ? Ce constat ne suffit-il pas pour rejeter sur-le-champ une telle pratique ? Allez-vous demander, à l’instar de Martine Aubry, «qu’on essaie de réfléchir» à ce problème «de la manière la moins simpliste possible», comme si ce n’était pas tout réfléchi ! Allez-vous reproduire, sous la houlette d’Eric Besson, les atermoiements dont nous a gratifiés Lionel Jospin lors de l’affaire des trois premières voilées de Creil, en septembre 1989 ? Qui peut croire, devant les progrès actuels du fondamentalisme islamique en France et en Europe, qu’on pourra lutter efficacement contre le développement de la burqa «par l’éducation, par la pédagogie, par le dialogue», alors que les partisans de la burqa voient précisément dans son port la meilleure des éducations et la meilleure des pédagogies, autrement dit une excellence indiscutable ? Jack Lang affirmait déjà, dans les années quatre-vingt-dix, qu’au contact de nos jeunes, les jeunes voilées échangeraient d’elles-mêmes leur voile contre le jean. On connaît le résultat !
Or, ce résultat ira croissant tant qu’on ne pensera pas le voile comme une guerre – qui ne dit pas son nom – contre l’ensemble des idées laïques et républicaines de notre pays.
Si la France est le pays du droit, elle ne saurait être le pays de tous les droits. Si la France est le pays de la liberté, elle ne saurait être le pays de toutes les libertés. La France accepte les libertés qui dérangent – comme la critique ou la caricature – mais elle n’accepte pas les libertés dérangées ! Quelle que soit la liberté dont pourrait se prévaloir la femme qui porte la burqa, c’est une liberté malade, issue d’une conception malade de l’existence. Le suicidant aussi se prétend libre de sa décision : cela fait-il de sa vision de l’existence un exemple à suivre, et du suicide un titre de gloire ? Une existence saine est tout le contraire, évidemment ! La preuve : que deviendrait la condition humaine si la burqa était le lot de toutes les femmes ? Voulons-nous une humanité composée, pour moitié, de ténébrions ?
A l’heure de la mondialisation, les idées et les actes acceptables sont ceux-là seuls qui peuvent s’universaliser sans contradiction. Est-ce le cas de la burqa ? Est-ce même le cas du voile ? Pourquoi donc tergiversons-nous à leur sujet ?
Parce que nous avons peur !
Une loi sur le port du voile intégral – déclare Eric Besson – serait «inefficace et créerait des tensions qui n’ont pas lieu d’être en ce moment». Mais les tensions existent, monsieur le ministre, et ce n’est même pas la communauté musulmane qui en a l’exclusivité, car les Français qui aiment la France en ont plus qu’assez d’une France qui s’islamise : ce qu’ils veulent, c’est une France laïque et républicaine «comme avant», c’est-à-dire une France sans voile ni burqa !
Maurice Vidal
* Le Monde, jeudi 23 novembre 2000

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