Le courage des vraies résistantes

Dans le dernier numéro de Riposte Laïque, notre ami Roger Heurtebise publiait un texte, très lu, intitulé : « Monsieur le Président de la République, accueillons Ayaan Hirsi Ali en France » [http://www.ripostelaique.com/spip.php?article195->http://www.ripostelaique.com/spip.php?article195]

Le lendemain, dans Libération, apparaissait une pétition, proche de ce texte, signée par des personnalités telles que Pascal Bruckner, André Comte-Sponville, Chahdortt Djavann, Luc Ferry, Alain Finkielkraut, Michèle Fitoussi, Caroline Fourest, André Glucksmann, Bernard-Henri Lévy, Mohamed Sifaoui, Michel Taubman, Philippe Val, etc.

Il faut se réjouir de cette initiative. Personne ne peut être insensible au sort de cette femme d’un courage exceptionnel, condamnée à mort par les assassins de Théo Van Gogh, contrainte de vivre 24 heures sur 24 sous protection policière. Rejetée d’abord par la gauche, effrayée par sa critique radicale de l’islam, elle a été ensuite abandonnée par la droite, qui l’a un temps utilisée.

A notre connaissance, aucun des signataires de la pétition en faveur d’Ayaan Hirsi Ali, geste qui les honore, n’a manifesté le moindre soutien à Fanny Truchelut.

Imaginons les commentaires qui auraient attendu la propriétaire du Gîte des Vosges, si elle avait tenu les propos suivants : «Il n’y a pas de cohabitation possible entre l’islam et l’Occident». «Le Prophète a demandé la main d’une petite fille de 6 ans et le mariage a été consommé quand elle a eu 9 ans. C’est ce qu’on appelle un pédophile.»

Ces phrases sont de la députée hollandaise.

Imaginons le rejet que susciterait, demain, Fanny Truchelut, dans une certaine gauche, si elle se faisait élire sur une liste de droite, au Parlement ou ailleurs, comme la députée d’origine somalienne. On dirait que voilà la preuve que c’est bien une réactionnaire. Abandonnée de tous, Fanny s’est contentée de prendre un avocat de droite, qui s’est contenté de faire son métier, sans le politiser. Certains, qui n’ont que compréhension pour les choix politiques d’Ayaan Hirsi Ali, ont rejeté et insulté Fanny, jugée coupable d’avoir été défendue par Alexandre Varaut.

Quand des femmes comme Wafa Sultan, dont il faut voir cette diapo, ([http://www.dailymotion.com/video/65587->http://www.dailymotion.com/video/65587]), Mina Ahadi, Chahdortt Djavann ou Taslima Nasreen parlent de l’islam comme d’un totalitarisme, sans prendre de précautions en rajoutant « islamisme », personne n’ose leur faire la leçon.

Quand elles disent qu’il y a un choc de civilisations, non entre l’islam et l’occident, mais entre l’obscurantisme et la démocratie, tout le monde les applaudit, à juste titre.

Mais si un « Français de souche » ose tenir les mêmes propos, ce qui est arrivé à Robert Redeker, il est immédiatement suspecté d’être d’extrême droite, voire un adepte de la théorie de Samuel Huntington sur le choc des civilisations. On le salit, on lui fait la leçon, lui intimant l’ordre de faire la différence entre islam et islamisme, ce qu’Ayaan Hirsi Ali et d’autres ne font plus depuis longtemps, sans pour autant dire que tous les musulmans soient des intégristes, loin de là.

Quand notre ami Pascal-Mohamed Hilout dit des choses semblables, avec ses mots à lui, il est suspecté d’être le « bougnoule de service », comme lui a dit un jour la porte-parole des « Indigènes de la République ».

Quand une femme comme Fanny Truchelut voit les représentantes de cet islam venir exhiber leur tenue prosélythe dans un gîte, et qu’elle a trente secondes pour prendre une décision, elle est traînée dans le boue par toutes ces bonnes âmes qui la qualifient de raciste et d’intégriste catholique. Pourtant, une de ces deux femmes, Horia Demiati, est une militante, qui se bat pour le port du voile partout où cela est possible de l’imposer.

Cela n’empêche pas des professeurs de laïcité, convaincus d’être de grands théoriciens, depuis leurs bureaux parisiens, de décreter que Fanny a enfreint gravement les principes laïques entre la sphère publique et la sphère privée. Curieuse conception, par ailleurs, qui amène à accepter que la liberté d’exhiber une tenue discriminatoire soit supérieure à la neutralité d’un lieu public. Curieuse théorie qui explique que le voile doit être interdit au lycée, mais autorisé à l’université. Curieuse impuissance qui explique que l’Etat ne peut rien (on dirait du Jospin) face à la recrudescence du voile intégral dans les rues.

Par ailleurs, quand des féministes au passé exemplaire, comme nos amies Anne Zelensky et Annie Sugier, défendent cette femme courageuse, devant un tribunal, au nom de la continuité de leur combat, elles sont insultées, et qualifiées de « honte du pays » par l’ineffable Michel Tubiana, bonne âme de la « gôche » bien-pensante, et caricature de la mauvaise conscience post-coloniale de toute une génération militante.

Résultat : un fascisme politico-religieux s’installe dans le cœur de l’Europe, et rares sont les personnes qui ont le courage de l’appeler ainsi, à cause des maîtres-censeurs de la gauche bien-pensante et des islamogauchistes.

Parlant de l’affaire des caricatures, Ayaan Hirsi Ali, encore, exprimait sa colère : « Honte aux journaux et aux chaînes de télévision qui n’ont pas eu le courage de montrer à leur public ce qui était en cause dans “l’affaire des caricatures” ! Ces intellectuels qui vivent grâce à la liberté d’expression, mais acceptent la censure, cachent leur médiocrité d’esprit sous des termes grandiloquents comme “responsabilité” ou “sensibilité”. Honte à ces hommes politiques qui ont déclaré qu’avoir publié et republié ces dessins était “inutile”, que c’était “mal”, que c’était “un manque de respect” ou de “sensibilité” ! ». Ne pourrait-on pas pousser le même cri, face à certaines réactions, et à la couverture médiatique de l’affaire du Gite des Vosges ?

La France s’honorerait vraiment d’accorder accueil et protection à Ayaan Hirsi Ali, une femme qui incarne les Lumières, la République et le droit des femmes. Est-ce trop s’avancer que d’écrire que ceux qui la connaissent ne peuvent avoir aucun doute : elle aurait été intuitivement du côté de la propriétaire du Gîte, parce qu’elle aurait compris qu’elles avaient quelque chose de commun, au-delà de leurs parcours très différents.

Ce petit quelque chose, c’est le courage des vraies résistantes.

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