J’apporte tout mon soutien à Fanny Truchelut

A force d’atermoiements, notre société arrive à une situation paradoxale : un pays laïque dont les fondements s’appuient sur la tolérance et la non discrimination (du fait des croyances, des origines, des orientations sexuelles, etc.) envisagerait de condamner une personne qui refuse que ses enfants soient témoins des symboles de l’oppression de la femme, de sa soumission à l’homme et à sa loi religieuse. Le droit à la différence est un droit pour lequel beaucoup se sont battus. Le droit à la différence est un droit, ce n’est pas un diktat qui s’imposerait aux autres. Mais ce n’est pas un droit hors cadre, ex-nihilo. C’est un droit qui ne peut s’exercer qu’à l’intérieur du cadre républicain et de ses fondamentaux. Il ne les détermine pas, il s’y inscrit. Si tel n’était pas le cas, ce serait notre fondement démocratique qui serait dévoyé et qui céderait le pas devant tous les particularismes des uns ou des autres.

Le droit républicain à la différence ne peut devenir, par un simple retournement sémantique, le droit à l’oppression de ceux qui luttent pour le progrès et l’émancipation, de ceux qui mènent le combat pour une citoyenneté partagée quels que soient ses croyances ou son sexe. L’expression de l’oppression de la femme, la mise en avant des symboles de cette oppression comme la burka, sont antinomiques avec les principes d’égalité et de fraternité qui fondent la société française.

La liberté d’expression ne peut servir de faire valoir à ceux qui cousent symboliquement la bouche des femmes en y jetant un voile. La loi contre le racisme ne peut pas être dévoyée de sa fonction et de son esprit par un tour de passe-passe sémantique qui aboutirait à cette situation paradoxale : condamner les adultes qui combattent le sexisme et l’obscurantisme qui le sous-tendent ! La justice ne peut pas tomber dans le piège tendu par ceux qui pratiquent le double langage et provoquent les situations pour se victimiser. C’est pour ces raisons que j’apporte mon soutien à Fanny qui a refusé que ses enfants intègrent comme une normalité, dans des lieux partagés, ces symboles d’oppression et de soumission. En faisant ainsi, Fanny s’est inscrite dans la continuité de l’enseignement républicain porté par l’école publique.

Alain Callès

Ancien Président du Mrap

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