Est-il interdit de critiquer l'administration… quand on y travaille ?

Liberté d’expression à géométrie variable

Est-il interdit de critiquer l’administration ? Quand on y travaille, oui. Enfin, les sanctions encourues sont suffisamment dissuasives pour que l’on préfère se taire. Exemple avec l’affaire Aurélie Boullet/Zoé Shepard. D’abord, un bref rappel des faits :
Aurélie Boullet, haut fonctionnaire au Conseil régional d’Aquitaine, a écrit sous le pseudnoyme Zoé Shepard un livre intitulé “Complètement dé-bor-dée ! ou Le paradoxe du fonctionnaire” (1), paru en début d’année. Cette cadre A+ trentenaire y dénonce entre autres le fait que l’on fasse les 35 heures en Aquitaine, comme partout ailleurs, certes… mais en un mois !
Le Conseil régional d’Aquitaine avait été remplacé dans son récit par une mairie fictive de la région parisienne, et tous les noms des protagonistes, bien qu’inspirés de personnes réelles, avaient été changés. Seule la vraisemblance des faits rapportés a ainsi pu conduire un fonctionnaire régional aquitain qui devait se sentir visé à dénoncer sa collègue à sa hiérarchie.
Rien, dans ce livre, ne violait le « devoir de réserve » imposant à chaque fonctionnaire de ne pas divulguer d’informations pouvant compromettre son service. Et pourtant, le conseil de discipline du Conseil régional d’Aquitaine a décidé le 2 juillet dernier de suspendre cette administratrice territoriale deux ans, et sans traitement. Sans s’être même donné la peine de lire le livre, comme l’ont confessé cinq des sept membres. Le président du Conseil régional, Alain Rousset, a un mois, soit jusqu’au lundi 2 août, pour confirmer ou non cette décision.

Procédés brejneviens

On peut penser qu’il la validera, puisqu’il était personnellement intervenu, dès qu’Aurélie Boullet a été démasquée, pour réclamer sa tête. Comme souvent quand un scandale éclabousse une grande structure, le « dissident » est décrit comme une personne dérangée… Cette manœuvre, inaugurée par les purges soviétiques où les opposants étaient présentés comme des aliénés, a fait ses preuves dans le passé. Dès lors, pourquoi ne pas continuer ?
C’est ainsi qu’après lui avoir attribué une note de 14,4/20 et salué sa « compétence », sa « culture », sa « prudence » et sa « réflexion », le Conseil régional lui reproche à présent publiquement son inadaptation à son poste, preuve selon lui de sa rancœur à l’origine du livre (2).
Évidemment, la ficelle est trop grosse pour que l’on puisse croire une hiérarchie qui est aux abois. Mais le plus piquant, dans cette affaire, vient du fait qu’elle émane d’une région dirigée par un parti qui n’a jamais de mots assez durs pour fustiger la politique « liberticide » du gouvernement actuel, et donc à se poser en parangon de la défense des libertés publiques.
C’est aussi pour cela qu’a été lancée une pétition pour demander au président du Conseil régional d’Aquitaine, Alain Rousset, de ne pas confirmer la sanction du conseil de discipline. Il faut que les hiérarques socialistes appliquent à leur propre pratique les principes dont ils ne cessent de se faire les défenseurs lorsqu’il s’agit de critiquer la politique du gouvernement !
Mais il faut faire vite : la décision d’Alain Rousset devant intervenir le lundi 2 août, il faut que nous soyons le plus nombreux possible à signer la pétition de défense d’Aurélie Boullet/Zoé Shepard, et cela avant le 29 juillet, afin de la faire parvenir à Bordeaux à temps ! Aussi me permets-je de vous demander de signer la pétition (3), et de l’envoyer à tous vos contacts. Plus nous serons nombreux, plus nous pourrons être entendus !
Roman Bernard
Responsable de la rédaction du site web “Le Cri du contribuable”
http://www.lecri.fr/
(1) http://www.amazon.fr/Absolument-d%C3%A9-bor-d%C3%A9e-comment-mois-Quand-fonctionnaire/dp/2226206027
(2) http://asset.rue89.com/files/EmmanuelleBonneau/0207_Aquitaine_inside.jpg
(3) http://le-cri-du-contribuable.pro-petition.fr/il-faut-defendre-aurelie-boullet

image_pdfimage_print