Dans la France laïque, une candidate voilée peut passer le BTS !

Ce mois-ci, au lycée Robert-Schuman, de Metz, une candidate a été autorisée à passer un oral de comptabilité, recouverte du voile islamique.
Normal ? Oui ! Pourquoi ? Parce que le règlement stipule qu’une étudiante étrangère à un établissement scolaire peut s’y rendre voilée pour les besoins d’un examen ou d’un concours, alors qu’elle n’a pas ce droit si l’examen ou le concours se déroule dans l’établissement où elle est normalement inscrite.
Ainsi parle la loi du 15 mars 2004 sur les signes religieux à l’école. Traduisez : j’interdis, mais je permets ! Et comme je tiens à masquer l’énormité de cette contradiction, je me contorsionne, dans l’espoir de ne point froisser telle ou telle susceptibilité, surtout si elle relève de la communauté musulmane !
Voilà pourquoi la candidate en question pourra porter le voile islamique dans un cadre hautement laïque, à la condition toutefois de «se soumettre aux règles d’organisation de l’examen, qui visent notamment à garantir le respect de l’ordre et de la sécurité, à permettre la vérification de l’identité des candidats ou à prévenir les risques de fraude». Concrètement, «l’étudiante devra enlever son voile pour permettre la vérification de son identité». Dernière précision : «Ce contrôle devra être effectué par un personnel de sexe féminin, dans une salle fermée, à part de la salle de composition».
Devant ce luxe de précautions, d’aucuns applaudiront à grands cris, saluant, en l’occurrence, une marque indéniable d’ouverture d’esprit, ou encore l’apprentissage on ne peut plus salutaire du vivre-ensemble ! D’autres, au contraire, seront furieux de constater un manquement de plus au principe de laïcité – qui ne cesse d’être malmené depuis l’affaire de Creil, en septembre 1989, où trois collégiennes sont arrivées voilées dans leur établissement scolaire.
Parmi ces mécontents, Bruno Henry, du SNES, déclare : « Si on commence à proposer des modalités différentes pour chaque élève, il y a problème. Je suis très surpris qu’on accepte ça. Notre position est très claire : il faut respecter l’équité et la laïcité. Cette décision du rectorat remet en cause beaucoup de choses».

Il est évident que Bruno Henry a raison, mais sa raison est à son tour remise en cause par la volonté du ministère de l’éducation nationale – et l’on sait que ce dernier ne veut pas de vagues, surtout en période d’examens ! Il suffirait, en effet, d’interdire tel écrit ou tel oral à une candidate au seul motif qu’elle serait voilée pour qu’un procès en stigmatisation soit immédiatement mis en place ! Les turbulences que le port du voile en milieu scolaire a déclenchées avant la loi du 15 mars 2004 ont servi de leçon : les autorités veulent une France apaisée et fraternelle, c’est-à-dire capable d’accepter toutes les différences !
Mais alors, que faire du fondamentalisme islamique, des droits humains bafoués, de la séquestration des femmes dans leur domicile ou sous la burqa, de leur minoration à vie, de leur lapidation soit parce qu’elles ont été violées (sic), soit parce qu’elles ont commis l’adultère, des châtiments corporels à leur endroit, des «crimes d’honneur» sur simple suspicion (resic), bref de tout ce que signifie le voile islamique sitôt qu’il est perçu pour ce qu’il est, c’est-à-dire comme la marque d’une idéologie anti-républicaine qui ne saurait souffrir la moindre contestation ?
Mais que faire aussi du mirage multiculturaliste entretenu par ces organisations laïques qui, soit dit en passant, se taisent sur l’affaire dont nous parlons ? Un tel silence n’est-il pas une façon de soutenir le port du voile islamique, selon la terrible logique du «qui ne dit mot consent» ?
Que faire enfin du mirage intellectuel de la philosophe Catherine Kintzler, qui s’entête à justifier le port du voile à l’université, comme si les lumières universitaires avaient le pouvoir de désacraliser le voile islamique en le dépouillant de sa dimension discriminante, sexiste et inégalitaire ?
N’en déplaise à quiconque, il est temps d’échapper à cette tolérance aveugle pour un symbole politico-religieux dont les adéquations avec les valeurs de la République sont inexistantes. Le pire est que les membres du ministère de l’éducation nationale, comme un grand nombre d’organisations laïques et d’intellectuels, savent pertinemment que le voile est l’oriflamme d’un islam intégriste œuvrant contre l’égalité des sexes et, par suite, contre l’ensemble des acquis de notre civilisation. Mais tous se taisent par terreur intériorisée, favorisant ainsi le retour des heures les plus sombres de l’Histoire ! Hier, nous refusions de reconnaître la montée des périls hitlérien et stalinien. Hier, nous apportions notre soutien aux Talibans, alors qu’ils foulaient aux pieds le droits des femmes. Aujourd’hui, nous refusons d’affronter l’islam militant, comme si la nature religieuse d’une croyance la dédouanait de tout soupçon ! Aujourd’hui, nous mettons en danger notre civilisation au nom même de notre civilisation !
Hormis la peur qui tenaille bien des hommes, je ne cesse de me demander pourquoi !
Maurice Vidal

image_pdfimage_print